Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Défis Républicains

16 mai 2024

CONVERSATION AVEC MA JUMELLE

Un article de Kamel Bencheikh.

La femme n’est victime d’aucune mystérieuse fatalité : il ne faut pas conclure que ses ovaires la condamnent à vivre éternellement à genoux”. Simone de Beauvoir

Que tu sois ma sœur, ma mère, ma fille, mon épouse, ma parente proche ou lointaine, mon amie, qu’importe ! Ce qui est déterminant, c’est que tu es une femme et qu’il s’agit de toi qui dois être la personne la plus importante à tes propres yeux. Tu dois être au sommet de ton estime à toi.

Figure-toi que j’ai longtemps hésité avant de me diriger vers toi pour te dire ces quelques mots qui me taraudent la mémoire parce que tu vas très vite deviner que ces mots baignent dans la colère en même temps que dans l’espoir. Surtout au moment où on t’affuble de cette robe si moche qui cache tes formes et qui fait de toi une sorte d’immondice sans formes  ni courbes. Colère de te voir affublée d’une bâche difforme dont les machistes misogynes t’obligent, sous le fallacieux prétexte du fameux libre choix, à te couvrir comme si tu étais une simple marchandise à faire disparaître sous une couverture laide et disgracieuse.

Colère de savoir que certains t’ont réduite à une silhouette anonyme et à une camelote impersonnelle à dissimuler dans le coin le plus obscur de l’humanité. On t’a même obligée à vivre dans une cage mobile que tu transportes malgré toi dans tous les coins où tu te déplaces. On a mis sur ta longue route sinueuse des balises et des jalons pour te signaler des frontières à ne pas dépasser.

On a fait de toi une domestique corvéable à merci. Et te voilà à la disposition du maître tout puissant tous les jours de l’année sans qu’il y ait une seule journée fériée à t’accorder. Colère encore que tu ne puisses valoir que la moitié mathématique de celui qui te rabaisse, en termes d’héritage et même en termes de témoignage, puisque ta parole ne vaudrait à peine que cinquante pour cent de la sienne.

Colère toujours de savoir que tu peux tomber dans ce piège que l’on appelle le syndrome de Stockholm qui fait que la victime puisse protéger son agresseur et même défendre le point de vue de celui qui l’opprime.

Colère enfin de savoir que tu as fui les pays où les pratiques sectaires les plus rétrogrades t’ont acculée à n’être plus qu’une parcelle de chimère et que tu es venue ici, au pays qui affiche Liberté, Égalité, Fraternité au fronton de ses bâtiments officiels, pour reproduire précisément ce que tu as cru abandonner derrière toi. Espoir parce qu’il ne faut jamais désespérer de la nature humaine et qu’ici ou là, dans les coins les plus soumis aux ténèbres, des femmes dignes se mettent debout pour se débarrasser des reliquats paternalistes les plus réactionnaires.

Espoir de savoir, à travers les réseaux sociaux, en France, au Québec ou en Belgique, que le combat le plus énergique pour la laïcité est mené d’abord par des femmes lumineuses, elles aussi, issues des pays de l’Afrique du Nord. Espoir à nouveau quand je lis les envolées lyriques à la gloire de la liberté, de pouvoir se comporter comme on le souhaite, de la part de femmes qui étaient mises sous séquestre par de leurs compagnons.

Il y a bien eu des Simone de Beauvoir, des Gisèle Halimi, des Simone Weil et des Elisabeth Badinter pour mener à bien cette décolonisation des esprits au niveau de l’Hexagone et c’est dans cet accomplissement d’affranchissement que je peux mettre sur les mêmes strates des figures admirables comme celles de Lydia Guirous, Zineb El Rhazoui, Djemila Benhabib et Rachida Hamdan. Ces militantes de la liberté sont, à l’évidence, des sentinelles qui alertent sur la tyrannie et l’asservissement que subissent, ici en Europe, nombre de femmes qui sont tenues dans la servitude par la pression des cités et celle de la “communauté”.

Je voulais m’adresser directement à toi parce que je sais combien ta parole est captive et te dire que tu ne dois pas avoir honte d’afficher ton sourire, de laisser tes si beaux cheveux suivre les méandres du vent et d’apparaître avec les contours que tu as toujours possédés. Montre-moi ton visage et regarde-moi au fond des yeux. Je suis ton frère, ton père, ton ami, ton partenaire. Ne crois pas les dégénérés qui te demandent de te prémunir contre moi. Tu n’es pas une sempiternelle victime et tu sais très bien que je ne suis pas un prédateur.

Tu es mon égale et je suis ton semblable. Nous savons que nous habitons une horizontalité parfaite. J’apprécie au plus haut point nos discussions acharnées sur des sujets qui nous habitent tous les deux et qui ne font qu’enrichir notre alliance. Je n’aime pas quand tu t’obliges à anesthésier tes bourrasques. Toi aussi, tu peux avoir des moments d’impatience et de rage, des instants où tu peux piaffer et remettre en cause le monde comme il va.

Pourquoi donc accepterais-tu de préparer le couscous pendant une semaine et t’effacer lorsque le jour de la noce arrive ? Pourquoi dois-tu accepter de te mettre derrière un rideau pour admirer le cortège sans t’y mêler ? Pourquoi n’as-tu pas le droit d’accompagner le cercueil de ton parent au cimetière pour lui dire un dernier adieu ? Qu’est-ce que cette divinité qui mettrait sur des plans différents les deux facettes de sa propre création ?

Pourquoi serais-tu la seule à changer la couche du bébé, à remplacer les draps, à laver la cour, à passer la serpillière, à repasser des chemises que tu ne porteras jamais, pourquoi te mets-tu en quatre pour préparer le déjeuner puis le dîner à celui qui n’a comme seule façon de se comporter que de mettre les pieds sous la desserte sans même avoir la politesse de dresser la table ? Pourquoi ? Pourrais-tu me le dire et d’abord te poser ces questions ?

Même si le tableau est sombre, j’ai l’espérance chevillée au corps parce que je sais que l’appréhension de tout avenir ne constitue pas un projet d’avenir. Nous nous relèverons ensemble, dans la gémellité, pour voguer vers des territoires immaculés et des fiefs insoumis où seules les Lumières peuvent pénétrer car seules les Lumières, venues de cette Révolution qui a ensoleillé le monde, peuvent magnifier notre immense désir universaliste.

Publicité
Publicité
2 avril 2024

FRANCE SOCIALISTE... ?

 

Un article de Mathias Weidenberg

 

En 1983, la France est sans doute au maximum de socialisme réel dans son histoire.
Le gouvernement de coalition socialiste, radical et communiste, vient de procéder à une vague de nationalisation d’entreprises privées complétant le rôle de l’Etat architecte de l’économie que les nationalisations de la Libération en 1945 avait engagé.
Ce rôle, c’est un héritage historique, datant au moins du Colbertisme, mais aussi partagé par les premiers républicains de 1793-1795.
Le gaullisme, notamment celui de Chaban Delmas, que Pompidou écarta pour favoriser les premiers néolibéraux français, concevait le capitalisme comme un ordre à dompter avec l’Etat Nation comme son chevalier.
De Gaulle n’a jamais pensé privatiser.
Mais en 1983, on est au summum d’une France que les éditorialistes de droite décrirons comme “communiste”.
35% des exportations sont le fait d’entreprises publiques. D’ailleurs, la balance commerciale est équilibrée en 1985.
Près de 30% de l’industrie, 70% de l’énergie est en main publique.
À l’époque, l’industrie, c’est 20% de l’économie.
À l’époque, le PIB par habitant en parité de pouvoir d’achat de la France est le troisième de l’OCDE, devant les États Unis.
40 ans plus tard, jamais l’Etat dans l’histoire de France ne s’était autant retiré de l’économie privée.
Résultat : le capitalistes français ont bradés les actifs à l’étranger, s’enrichissant considérablement tout en appauvrissant la France.
L’industrie ne constituant plus que 8% de son économie, la France est en déficit commercial permanent, lui coûtant 3 points de PIB.
Le PIB par habitants en parité de pouvoir d’achat est l’avant dernier de l’OCDE.
Lorsque les éditorialistes de droite accusent les chiffres actuels d’être la “preuve” que notre pays crève de “communisme” c’est bien le contraire.
Notre pays crève de l’égoïsme capitaliste, qui n’a rien de patriotique.
Car si les dépenses publiques sont si importantes dans le PIB, qui est la somme des activités économiques publiques et privées, c’est parce que les capitalistes français se sont enrichis en détruisant l’activité économique privée.
Notre PIB n’a pas progressé au même rythme que ce que sa population et son talent lui aurait dû permettre de croître.
La trahison des élites françaises est là: alors que les dépenses publiques croissaient normalement, les élites françaises ont tout vendu à bas prix.
80% de l’activité, prospère en main publique, qui fut privatisée entre 1993 et 2020, n’existe plus aujourd’hui. Leurs fournisseurs, leurs bassins d’emplois ont aussi disparus. Les expertises technologiques ont été perdues.
Mais les plus riches français ont empoché l’argent de la trahison économique de la Nation.
1% des Français empochent 86% des dividendes. L’intégralité du montant des aides publiques aux entreprises couvre la croissance de la rémunération par dividendes et rachat d’actions ce ces riches français.
Jamais la France n’a connu autant de milliardaires parmi le top 100 des plus riches du Monde.
Mais la France est passée du 13eme rang mondial en richesse produite par habitant au 24eme rang.
L’atout France, de 1984 à 2024, c’était une démographie dynamique.
Les élites françaises ont trahies la jeunesse française.
En bradant tous nos actifs industriels, les élites françaises se sont gobergées, mais en même temps, elles ont fait plonger l’investissement dans l’avenir de la Nation.
Alors que les privatisations ont ramenées 130 milliards sur 30 ans, les propriétaires d’entreprises ont tellement pleurées qu’elles ont obtenues que l’Etat les refinance à hauteur de 130 milliards …. Par an, sans condition ni contrôle ni contrepartie.
À ce coût, il serait plus avantageux pour l’Etat de renationaliser ce qui reste de l’industrie française.
Ce mouvement est accompagné par les contraintes structurelles européennes. Celles ci n’expliquent pas tout, elles ne peuvent pas être utilisées comme des excuses ou des circonstances atténuantes.
Depuis 1986, les droites néolibérales, y compris celles dissimulées un temps au Parti Socialiste avant de rallier Macron, ont conduit un travail de démolition nationale sans précédent.
L’extrême droite, en faisant diversion de cette extraordinaire entreprise, dissimulait son attachement aux mêmes principes néolibéraux quant à la conduite de l’économie.
En créant un faux clivage, progressisme contre nationalisme, l’existence du Front National puis du Rassemblement National a été le meilleur allié de ces traîtres à la Nation. D’ailleurs, la famille Le Pen s’est bien enrichie tout au long de la période. Elle est tout autant complice que prétexte.
La France a un déficit public plus élevé que prévu par effondrement des recettes fiscales : la France n’arrive pas à produire autant de richesses pour satisfaire les prévisions des néolibéraux qui gouvernent, et qui les premiers privent la France des moyens de produire des richesses.
C’est un scandale sans nom depuis 45 ans.
 
 
18 mars 2024

OUVERTURE DES JO DE PARIS 2024

Un article de Kalimat Tsodek, Malienne :

 

Je suis africaine, et je pense que Aya Nakamura ne représente pas la chanson française en particulier ni francophone en général. Cela fait-il de moi une raciste, une réac d'extrême-droite?
Je suis peut-être un peu vieux jeu, j'ai grandi avec les chansons à texte et les mélodies d'Aznavour, de Mireille Mathieu, de Françoise Hardy, de Bachelet, de Polnareff et d'Iglesias pour ne citer qu'eux. Je suis une grande éprise de la vieille variété française, sa poésie, sa façon de dire l'Amour, l'Amitié, la Solitude et toutes les choses belles et moins belles de la Vie, bref son génie.
La chanson française m'a fait aimer davantage la langue de Molière apprise à l'école et qui me permet aujourd'hui d'échanger avec des Français, des Belges, des Suisses, des Subsahariens et tous les locuteurs de cette langue magnifique. Langue avec laquelle j'écris aussi, mes sentiments et mes ressentis profonds, mes coups de gueule et mes opinions.
Le français ne m'a jamais détaché de ma langue maternelle, la darija. Bien au contraire, j'adore penser dans ces 2 langues, les mêler parfois, créer des néologismes improbables, ça donne une touche de vaudeville caustique à mes dires et mes écrits. Suis-je francophone? Oui, indéniablement! Mais si j'écris un livre avec 20% de mots en français, 40% de mots en darija et 40% d'onomatopées et de novlangue incompréhensible, que je me présente aux interviews vêtue et me mouvant comme une actrice porno américaine, que je commets des fautes d'orthographe d'analphabète à chaque phrase, vais-je me considérer comme une représentante de la littérature francophone ou carrément comme la réincarnation de Georges Sand ou Marguerite Yourcenar?
Bref, la France de 2024 ne compte certes plus de Léo Ferret, de Moustaki, de France Gall ou de Brassens, mais d'Amal Bent à Zaz, il existe une pléthore dartistes bien plus aptes à interpréter Edith Piaf, qu'ils soient "issus de la diversité", Français "de souche", de sol, de coeur ou de couche, que cette bruitiste illettrée et vulgaire, à 1000 lieues de la légendaire élégance et grâce française. A mes yeux d'africaine, elle ne représente pas plus la chanson malienne qui a donné de grands artistes. En fait, Aya Nakamura ne représente qu'elle-même. Et le déclin hélas inexorable de la culture française sous les coups de boutoir du Mondialisme dégénéré.
1 mars 2024

MACRON, LE NAIN MEGALO IRRESPONSABLE

 Un article de Kamel Bencheikh 

Même les pires dictateurs de la planète, quand il s’agit de prendre une décision aussi radicale que faire rentrer leur pays en guerre, prennent la précaution de soumettre leur idée à leurs ministres, au moins les plus concernés. Et à l’état-major de l’armée du pays. Les nations les plus évoluées dans le domaine de la démocratie ne peuvent rien faire sans l’accord des représentants du peuple souverain qui les a élus.
Et voilà que notre roitelet, qui n’arrive même pas à régler le problème des agriculteurs, émet l’idée que nos soldats pourraient bien être impliqués dans des opérations en Ukraine, cela veut tout simplement dire face à l’armée russe. Outre que le Premier ministre néerlandais était surpris d’entendre un va-t’en-guerre pareil, le chancelier allemand a tout de suite répliqué qu’il était hors de question d’engager l’armée allemande dans une aventure pareille, l’Espagne et le Royaume Uni se sont instantanément désolidarisés de ces coups de menton et jusqu’au commandement de l’Otan qui a publié un communiqué stipulant qu’il est hors de question d’envoyer des troupes occidentales en Ukraine.

Réponse immédiate du berger à la bergère : le Kremlin indique « qu’envoyer des troupes ne serait pas dans l’intérêt des Occidentaux. »

Ce type ne travaille pas pour la France. Ce type ferait retourner le général de Gaule dans sa tombe. Cet énergumène est une vraie malédiction pour la France.

L’irresponsabilité porte désormais le visage de Macron. Une seule explication : enfant, ses parents ne voulaient pas qu’il joue aux petits soldats et il est en train de rattraper le temps perdu.

29 février 2024

NAVALNY EST MORT

Un article de Georges Kuzmanovic

(également paru sur Facebook)

Navalny est mort dans des conditions plus que douteuses, peut-être assassiné. Ses conditions de détention étaient de toute façon largement trop dures pour sa condition physique très affaiblie, en particulier par son empoisonement passé.

La vérité jaillira, elle jaillit toujours, mais dans quelques dizaines d'années - ce sera pour les historiens.

En tout état de cause, Navalny n'avait pas été condamné à mort, mais à 19 ans de prison. Sa mort est donc logiquement en dernier ressort de la responsabilité du gouvernement russe qui devait garantir son intégrité physique.

Le minimum maintenant est de rendre son corps à sa famille pour qu'elle puisse faire son deuil.

Selon l'adage romain, "De mortuis nil nisi bonum" (d’un mort on ne doit dire que du bien), je ne dirai rien de Navalny, et pourtant il y aurait de quoi. Certain l'ont fait sans égards au deuil de sa famille et de ses camarades qui partageaient ses combats.

Les réactions de ses partisans et amis sont légitimes. Navalny n'était pas ma tasse de thé, j'avais plutôt soutenu Sergueï Oudaltsov, chef du Front de Gauche de Russie, longuement emprisonné, et qui avait, avec Navalny, organisé les manifestations de décembre 2011 suite aux élections législatives qu'ils contestaient.

Oudaltsov, sûrement trop de gauche, comme les nombreux syndicalistes russes maltraités, n'intéresse pas les dirigeants occidentaux.

Navalny ne représentait au maximum que 5% de l'électorat russe (beaucoup plus auprès des bourgeois de Moscou et de Saint-Pétersbourg).

En Russie, le parti communiste de Russie et les nationalistes extrémistes (infiniment plus dangereux que Poutine) sont beaucoup plus représentatifs du corps électoral - mais pourquoi s'arrêter aux faits ?

L'instrumentalisation par certains, en particulier et surtout par ceux qui nous gouvernent, de la mort de Navalny est affligeante.

Évidemment, il n'y a pas eu les mêmes émois pour la mort de Gonzalo Lira, mort le 17 janvier dernier (comment ? là aussi la question reste entière) dans sa prison en Ukraine. C'était un opposant à Zelensky. C'était aussi un journaliste... américain, ce qui avait provoqué une gêne certaine à la Maison Blanche.

Le plus stupide est la réaction des dirigeants occidentaux, en particulier européens, et spécifiquement de la France.

On peut ne pas aimer Poutine, soit. Mais il est le dirigeant en exercice de la Russie et c'est avec lui qu'il faudra discuter et négocier.

Les relations entre les États ne sont pas le lieu de la morale, surtout quand elle est instrumentalisée.

Jules Ferry, républicain français, noua des accords utiles à la France avec Alexandre III, tsar de Russie - on peut être sûrs qu'ils ne partageaient pas les mêmes opinions politiques. Tout comme de Gaulle qui négociait avec Staline, Khrouchtchev ou Brejnev.

Les tensions internationales maximum que nous vivons actuellement ordonnent aux dirigeants des États (les militants eux peuvent faire bien sûr ce qu'ils veulent), en particulier européens, de la mesure, du tact et de la clairvoyance, car géopolitiquement nous marchons sur des œufs. Nous faisons tous face au risque d'une confrontation mondiale, qui, s'il elle se déclare, serait nucléaire et donc condamnerait l'humanité à la disparition.

Les relations internationales ne sont pas une cour d'école.

A moins que nos dirigeants ne fantasment, à nouveau, avec la mort de Navalny, une révolution de couleur en Russie et un changement de régime. Ce serait ne rien comprendre à ce qui se passe tant en Russie qu'au niveau international.

Paix à l'âme de Navalny et prions que l'intelligence de ceux qui gouvernent prévale.

Publicité
Publicité
16 février 2024

SITUATION DU MONDE...

 

mappemonde Un article de Patrice Siard

A tous les niveaux d’analyse et d’observation, on constate dans le monde  une dégradation des relations humaines individuelles et collectives.

Pour ce qui concerne la question israélo-palestinienne, depuis l’échec des accords d’Oslo et notamment l’assassinat dYitzhak Rabin par un religieux extrémiste, comment expliquer l’arrivée au pouvoir d’une coalition de droite et d’extrême droite, en oubliant qu’elle est le résultat d’une défaite de la gauche en Israël et donc d’un vote des citoyens israéliens ? Ce n’est qu’à l’occasion de la proposition du gouvernement Netanyahou d’enlever à la Cour suprême son pouvoir de sanction du gouvernement, que le peuple d’Israël a pris conscience de la nocivité de cette alliance toxique, sans pour autant que la question palestinienne apparaisse comme prioritaire.

A l’exception d’une minorité lucide, les électeurs israéliens semblent avoir fermé les yeux sur la mise en coupe réglée des Palestiniens de Cisjordanie, et la colonisation progressive du territoire par les colons, extrémistes et ultra-religieux, avec la bénédiction du 1er ministre et l’immobilisme hypocrite des Américains et des Européens ?

Paradoxalement, il a donc fallu l’assassinat sinistre et crapuleux et la prise d’otage de civils israéliens par le Hamas, dans les kibboutzim à la frontière de Gaza (on peut s’étonner de l’inefficacité préventive du Mossad israélien sur cette opération ?!), pour que chacun sorte d’une torpeur qui, apparemment, arrangeait tout le monde… !

Il ne faut pas oublier également la récente découverte par les mêmes, du caractère terroriste du Hamas, alors que dans un passé encore récent Netanyahou encourageait en sous-main son développement afin de casser l’Autorité palestinienne de Yasser Arafat puis de Mahmoud Abbas !

Ainsi, aujourd’hui, Netanyahou n’a pas d’autre choix que celui d’aller jusqu’au bout de sa folie, en organisant un massacre à caractère génocidaire, dans l’espace de Gaza, dans lequel combattants et civils se trouvent étroitement imbriqués, en comptant sur l’impuissance des Etats Unis à oser mettre fin à leur livraison d’armes, sans lesquelles cette guerre deviendrait impossible.

Ainsi, l’issue de cette folie apparaît aujourd’hui difficilement concevable, malgré les tentatives diplomatiques et l’action difficile de minorités composées de représentants israéliens et palestiniens. En outre, la perte de crédibilité de l’Autorité palestinienne, à laquelle les gouvernements israéliens ont largement contribué, depuis l’échec des accords d’Oslo et la détention dans les geôles israéliennes des candidats potentiels à la succession de Mahmoud Abbas, renforce la position intransigeante du 1er ministre israélien.

En fait, tout ceci est la conséquence d’une série d’occasions manquées. Nonobstant depuis 1948 une série d’erreurs politiques des pays arabes voisins d’Israël et de la Palestine, suivies de leurs renonciations sur le dos du peuple palestinien, il reste que ce conflit de plus de 75 ans reste marqué par la volonté hégémonique et paranoïde des courants sionistes au sein d’Israël, justifiée par une conception mytho-religieuse de l’histoire juive et hébraïque !

Pour ce qui concerne le second conflit en cours en Ukraine aux confins de l’Europe, après la dissolution de l’URSS, il existait peut-être une voie possible pour les occidentaux pour substituer à la guerre froide une option coopérative de relations entre l’est et l’ouest, suggérée par Gorbatchev. Mais la logique libérale l’a rapidement emportée sous la pression des oligarques russes et du capital occidental avec la lamentable parenthèse Eltsine.

Par la suite, et sans négliger sa volonté impériale, les deux appels au dialogue de son successeur Poutine, notamment au sujet de l’expansion de l’OTAN à l’est, ont été balayés d’un revers de main par les USA leurs vassaux occidentaux. Auraient-ils pu pour autant changer la donne et éviter ainsi l’impasse ukrainienne qui paralyse aujourd’hui l’ensemble des protagonistes. ? L’énormité du coût financier, diplomatique et humain de cette impasse politique repose là encore, d’une part sur l’incapacité des USA à concevoir des relations internationales autres qu’hégémoniques, d’autre part sur celle des Européens à affirmer leur indépendance dans le jeu international. En particulier, depuis le chant du cygne du discours de Dominique de Villepin devant l’ONU, lors de la seconde guerre en Irak, la France a renoncé à jouer son rôle diplomatique autonome, légué par le général de Gaulle. Elle reste engluée dans une Europe trop disparate pour pouvoir peser en ce domaine (comme dans d’autres !). Ainsi, de renoncement en renoncement, la France est aujourd’hui discréditée, et ses déclarations non suivies d’effets tangibles, ne témoignent que de son impuissance à peser sur les évènements, que ce soit en Ukraine, au Moyen-Orient ou en Afrique.

Mais, y compris pour ce qui concerne notre politique intérieure, pour ce qui concerne la gauche, le mal vient de plus loin. Dès 1945, dans notre pays se sont succédés au sein de la gauche les volontés hégémoniques des uns et des autres envers leurs partenaires, face à la droite et à ses commanditaires capitalistes. Ainsi, successivement, PCF, SFIO, PS et aujourd’hui LFI n’ont mené le pays qu’à des impasses et « découragé Billancourt », en dépit de quelques moments d’émotion forte (1945 et 1981). Pendant ce temps, le progrès social aidant, les Français ont cru possible de pouvoir discuter sérieusement avec le capital, pour un bien-être partagé dans la société ! Or, celui-ci ne bouge que lorsque le rapport de forces ne joue pas en sa faveur.

Il reste que 1981 fut une occasion manquée de changer la donne par l’immense espoir suscité par la victoire de François Mitterrand et la mobilisation populaire et qui s’est peu à peu délitée face à la démission sinon à la trahison « des élites » en place.

C’est ainsi, que le capitalisme a pris le temps de muter à travers la financiarisation et la numérisation de l’économie et de développer une offensive idéologique redoutable, en persuadant décideurs et médias des bienfaits de « la concurrence libre et (prétendument) non faussée » et non contrariée.

Résultat : à ce jour, la gauche en est amenée à ne pas écarter l’hypothèse d’une victoire du RN à la prochaine élection présidentielle ! Quel gâchis !

Tout est à recommencer. Mais, cette fois, les espaces sont bien verrouillés !

En effet, la destruction systématique de l’Ecole républicaine, la monopolisation des médias par les grands groupes, la numérisation à marche forcée de l’économie et la destruction des services publics auxquels la gauche restée au pouvoir a largement participé, provoquent aujourd’hui une méfiance du peuple envers le monde politique et la fuite en avant à l’écoute des sirènes démagogiques de l’extrême droite.

Que faire ?

-D’abord, miser sur l’intelligence, la rationalité factuelle et l’usage de l’esprit critique face aux couleuvres que le système au pouvoir veut nous faire avaler.

-Etre conscient, qu’en dépit de la situation critique où nous sommes et, notamment du réchauffement climatique et des questions écologiques, l’esprit de lutte n’a pas disparu et qu’il convient de l’entretenir actif.

-Etre lucide sur la puissance de l’adversaire pour mieux peser sur ses contradictions internes.

-Lutter sans relâche contre le consumérisme et l’individualisme qui gangrène notre société, sans préjudice de la sauvegarde du pouvoir d’achat.

-Penser une stratégie de pouvoir dans l’entreprise à partir de l’expérience des PME et du secteur coopératif, en lien avec une refonte du droit du travail mis à mal par les présidents Hollande et Macron.

-Enfin réfléchir à une remise à niveau de nos services publics et de la Sécurité Sociale. En lien avec la mise à plat des contributions fiscales et sociales.

Cette plateforme qui n’a rien d’original dans une conception de gauche de la société devrait susciter rapidement entre les partis de la Nupes un débat serein et responsable, dont le résultat permette en outre de démontrer la duplicité du RN et sa complicité avec le système capitaliste.

En fait, la gauche est appelée à reconstruire dans un champ de ruines économique et social, national et international.

La base de cette reconstruction repose :

- sur une approche humaine de la question migratoire liée à une politique économique envers les pays d’origine des migrants, dans l’esprit de feu les accords de Lomé.

- sur un assouplissement structurel du carcan européen politique et économique,

- sur une reconquête de notre influence internationale apte à restaurer notre capacité de médiation, notamment au Proche orient.

Il s’agit de remettre en action une dynamique républicaine qui constitue la marque de fabrique de notre Nation et de notre société, pour la paix et la coopération entre les pays.

15 février 2024

EN FRANCE ET EN ALLEMAGNE, NOUS AVONS BESOIN D'UNE GAUCHE POPULAIRE

france-allemagne_libre_de_droitsAvec l'aimable autorisation de Frédéric Faravel, nous publions cet article initialement paru dans Médiapart.

Un article de Mathias Weidenberg, Frédéric Faravel et Nathalie Moine

Le lundi 29 janvier 2024, Mediapart a publié un long article de Thomas Schnee,journaliste franco-européen et correspondant en Allemagne de plusieurs magazines (Alternatives Économiques, Reporterre, Marianne, notamment), dans lequel il assimile le programme du nouveau parti de gauche fondé par Sahra Wagenknecht (en rupture avec Die Linke) à celui de l’extrême droite allemande, Alternativ für Deustchland (AfD).

Loin de nous l’idée de mettre en cause les compétences journalistiques de Monsieur Schnee, mais la lecture de son analyse fait ressortir un parti pris largement biaisé qui illustre un fait politique désastreux : une partie de la gauche (notamment dans les médias) est tombée dans la fascination des thèses du “progressisme” anglo-saxon, cette forme de gauchisme culturel qui fait frissonner les “petits bourgeois”. Cette dérive intellectuelle et idéologique conduit à écarter largement les critères fondamentaux économique et sociaux dans l’analyse politique, pour privilégier un prisme sociétal qui répond avant tout aux aspirations de la petite bourgeoise urbaine et cultivée mais contribue à entretenir l’éloignement entre la gauche et les classes populaires.

Ce qui est vrai pour la France est vrai également en Allemagne… Et c’est cette divergence politique qui est justement au centre de la scission au sein de la gauche radicale allemande. Or si l’on ne veut pas tomber dans le piège du procès d’intention politiquement orienté, il convient de regarder les faits.

Qu’est-ce que l’extrême droite allemande ?

L’AfD représente aujourd’hui la quasi-totalité de l’extrême droite. Née dans la frange anti-euro et favorable à une extrême rigueur budgétaire des chrétiens-démocrates, ce parti populiste et ultra-libéral de droite a progressivement viré à l’extrême droite en rencontrant les organisations racistes anti-musulmans comme PEgIDA, puis intégrant progressivement des éléments néo-nazis orphelins du NPD. C’est après la crise migratoire de 20215 et cette fusion entre des éléments ultra-conservateurs et d’extrême droite que l’organisation a pris de l’ampleur électorale ; elle a recueilli 12 % des suffrages en 2017 pour les élections au Bundestag (faisant rentrer l’extrême droite au parlement allemand pour la première fois depuis 1963), puis 11 % aux élections européennes de 2019 (elle dispose de 9 sièges au parlement européen) et un décevant 10,3 % aux législatives de fin 2021. Si l’AfD navigue entre 5 et 10 % selon les Länder dans l’ancien RFA, elle dépasse largement les 20 % dans toutes les régions d’Allemagne orientale. Aujourd’hui, les sondages lui promettent un nouvel essor à l’occasion du prochain scrutin de juin 2024 avec 20 % à l’ouest et plus de 30 % à l’est de l’Allemagne.

L’AfD développe désormais un discours favorable à la déportation des migrants et des Allemands naturalisés hors d’Allemagne, fantasmant sur l’expulsion sauvage de plusieurs millions de personnes. Les millions d’Allemand qui manifestent le week-end contre l’AfD le font à la suite des articles révélant ce plan monstrueux. Les dirigeants de l’AfD ont par ailleurs, dans leur conférence, théorisée la déchéance de nationalité pour deux millions d’Allemands. Ce parti propose de construire l’Allemagne avec les 70 millions d’Allemands non issus de l’immigration et sans immigrés. Enfin, l’AfD compte dans ses rangs, à des postes de responsabilités, des antisémites notoires et des néo-nazis.

Comment peut-on sur ces bases comparer le discours de l’AfD avec celui de BSW ?

Spécificités de la société allemande contemporaine

L’Allemagne n’est pas la France, elle a accueilli entre 2010 et 2022 plusieurs millions de réfugiés, d’abord originaires du Proche et du Moyen Orient puis de l’Ukraine, tout en développant des filières d’immigration hautement qualifiée pour compenser son incapacité à former les Allemands aux métiers demandés par son patronat. Dans cet objectif, les syndicats patronaux réclament une immigration qualifiée de 400 000 personnes minimum par an.

Or, 5 millions d’actifs allemands sont prisonniers de la réforme de l’assurance chômage initiée par Schröder et confirmée par Merkel portant le nom de l’ancien dirigeant de Volkswagen Peter Harz, la sinistre réforme Hartz IV. Ils sont en moyenne depuis dix ans sous tutelle des agences de l’assurance chômage, maintenus sous le seuil de pauvreté, obligés d’accepter des emplois à 400 € par mois. Le système est tellement absurde qu’ils subissent des coupes dans leurs aides lorsqu’ils essaient de suivre des formations qualifiantes. Les conseillers de l’assurance chômage peuvent aller jusqu’à s’opposer, sous peine de sanctions, à des décisions qui relèvent de l’intime ou de la survie (avoir ou non des enfants, quitter le domicile d’un conjoint même s’il est violent, etc.).

Entre 2015 et 2023, des efforts particuliers ont été faits pour intégrer dans la société et dans l’économie les réfugiés syriens et ukrainiens, avec des cours d’allemand, des équivalences de diplômes, des logements subventionnés. En parallèle (et évidemment sans lien direct entre les deux situations), le taux de pauvreté n’a cessé d’augmenter dans les actifs salariés non réfugiés, et le coût du logement a en moyenne doublé.

Dans le cadre du débat public, le patronat allemand ne fait par ailleurs aucun mystère des motivations de son choix économique de l’immigration : il assume le soutenir pour éviter une « inflation salariale » et réduire les coûts fiscaux d’un investissement en formation, éducation, que requiert pourtant l’industrie.

Comparer l’Allemagne et la France

Pour illustrer la différence, la France, depuis 2007, connaît un solde migratoire assez atone, avec un peu plus de 200 000 personnes par an, pour une population de 68 millions d’habitants. C’est 0,3%. L’Allemagne connaît un solde migratoire en année normale autour de 850 000 personnes, soit +1% par an de la population totale, avec des années pics en 2015 et 2022 où le solde migratoire a dépassé 1,5 million. Sur une période plus longue, le solde démographique est lui d’un excédent de décès de 200 000 par an en moyenne depuis … 1975.

Il convient donc de mesurer la soudaineté de la transformation en cours en peu de temps dans la société allemande, avec (reconnaissons-le) un effort des institutions et de la société civiles allemandes en faveur de l’intégration bien plus louable et efficace que ce qui est mise en place en France pour un public moindre. Cependant, avec une législation sur la citoyenneté et les naturalisations qui reste bien plus restrictive que la France, le droit du sang prévalant toujours sur le droit du sol, on en arrive en 2023 avec un niveau record de population de 84 millions, mais en comptant moins de citoyens allemands en Allemagne qu’en 1975 (72 millions contre 74 millions).

En comparaison, la France elle a connue entre 1975 et 2018 un solde démographique naturel de 250 000 en moyenne par an – mais 150 000 en 2019, 66 000 en 2020, 80 000 en 2021, 67 000 en 2022, 47 000 en 2023, la chute est récente mais elle est brutale et semble durable. 2025 pourrait être l’année où la France connaîtrait un solde naturel négatif, pour la première fois depuis la seconde guerre mondiale, et 50 ans après l’Allemagne (et 40 ans plus tard que ce que prévoyaient des démographes des années 1980 justifiant les discours catastrophiques sur le système de retraite).

Résumons : la France a gagné entre 1975 et 2024 près de 300 à 400 000 habitants par an, à peu près équitablement répartis entre un solde démographique naturel respectable et un solde migratoire très modéré. En parallèle, l’Allemagne a gagné également quelques 400 000 habitants par an, mais avec un solde démographique naturel négatif (-200 000) entièrement compensé par un solde migratoire de 650 000 par an en moyenne. Dans le même temps, de nombreux Allemands (c’est moins connu) ont choisi eux-mêmes de quitter leur pays, ainsi que de nombreux immigrants passant par l’Allemagne avant d’aller principalement aux États Unis et en Israël (notamment les minorités allemandes de l’ex-Union Soviétique).

Prenons un autre angle : le coût social et budgétaire de l’éducation d’un enfant jusqu’à ses 20 ans est évalué en France à 180 000 €, autour de 10 à 15 000 € pour un étudiant. La France, en éduquant en 50 ans 200 000 enfants de plus que l’Allemagne a dû engager un investissement social et budgétaire de quelques 1950 milliards d’euros, sur la période, soit 40 milliards d’investissements sociaux par an de plus que l’Allemagne. Celle-ci, en étant en excès de 650 000 migrants adultes par an, économise en coût social et budgétaire près de 120 milliards par contingent.

Ce calcul et cette méthodologie extrêmement sommaires illustrent cependant les raisons pour lesquelles la bourgeoisie française envie l’allemande ; cette jalousie est l’une des sources du mauvais traitement salarial des personnels français de l’éducation nationale, et l’une des causes de l’avantage compétitif relatif de l’Allemagne. La bourgeoisie française ne veut pas payer les impôts d’une démographie française dynamique (et elle ne veut surtout pas payer plus pour financer la mise à niveau dont a besoin le système français) – et les discours de réarmement démographique de Macron sont d’une tartufferie complète – pendant que la bourgeoisie allemande économise sur le déficit démographique et l’importation d’adultes déjà formés plus de 100 milliards d’euros par an.

Que propose réellement Bündis Sahra Wagenknecht (BSW) ?

BSW (qui pourrait prendre le nom de « Raison & Justice » – Vernunft und Gerechtigkeit, VG) réclame une politique plus conséquente sur l’asile politique. BSW est opposé cependant au discours déflationniste du patronat allemand qui refuse la construction de crèches publiques ou les investissements dans des centres de formation pour adultes soumis aux minimum sociaux.

Le discours de BSW est une réorientation des priorités budgétaires fédérales vers les populations au minimum social et aux salariés en emploi sous le taux de pauvreté, elle exige une application du droit y compris le droit européen sur lequel Merkel s’était assis en 2015. La nouvelle organisation défend un accueil digne des étrangers avec une intégration accélérée au marché du travail des réfugiés politiques bénéficiant du droit d’asile, mais aussi une expulsion plus rapide et systématique des déboutés du droit d’asile.

BSW souhaite une meilleure intégration des femmes au marché du travail et ne recourir à une immigration qualifiée qu’après avoir épuisé tous les efforts de qualification intérieure. BSW ne parle pas de déchéance de nationalité ni de déportation.

Pour BSW, la principale proposition pour lutter contre l’immigration économique et climatique, c’est l’aide au développement pour permettre à chacun sur cette terre de réaliser une vie heureuse là où il naît. Une logique politique qui entre en résonance et en cohérence avec son discours antiguerre. En face, l’AfD théorise le choc des civilisations et l’inéluctabilité de la guerre mondiale.

Quel est le danger de la petite musique que joue une partie de la presse française dans ce dossier ? À force de réduire la violence du discours réel de l’extrême droite allemande, par exemple en y assimilant la revendication d’une politique d’immigration contrôlée de BSW au discours d’épuration ethnique de l’AfD, cela n’aura comme résultats qu’une forme de dédiabolisation de ces discours monstrueux.

Une fois cela clarifié, on peut – et on doit – avoir un rapport politique critique et raisonné aux propositions de BSW. Mais alors qu’une partie de la gauche pratique l’amalgame et les raccourcis, PRENEZ CONSCIENCE de ce qu’est l’extrême droite allemande aujourd’hui… Ce n’est pas Le Pen, ce n’est pas Meloni, c’est beaucoup plus radical et violent : l’AfD est un parti néo-nazi.

On connaît la tendance de certains à dénoncer avec hâte tout désaccord politique (surmontable) comme étant le fait de nouveaux Doriot ou de nouveaux Déat. Faudrait-il chausser les mêmes lunettes à la focale tordue pour regarder ce qui se passe en Allemagne. Nous préférons la dispute ou le débat rationnels et le rassemblement pour reconquérir le monde du travail.

8 février 2024

CESSEZ-LE-FEU IMMEDIAT A GAZA

 

Gaza

Un article de Françoise Dal

Il m’est humainement et intellectuellement impossible de regarder les informations des chaines privées ou hélas publiques de la télévision française lorsqu’elles retransmettent des images de la guerre en Palestine et à Gaza , impossible d’écouter les commentaires caricaturaux qui les accompagnent, sans me souvenir de mes nombreux voyages personnels et politiques en Palestine à différentes époques de son histoire et plus particulièrement depuis l’intrusion de l’esplanade des mosquées à Jérusalem par Ariel Sharon en Septembre 2000.

Murs ,cheeck points, grillages et barbelés ,jeunes soldats inexpérimentés et dangereux en armes , tirs en l’air, rencontres d’universitaires et de diplomates dans des lieux improbables , confrontation aux colons d’Hébron humiliation à l’aéroport de Tel-Aviv ont bercé mes voyages dans ce pays qui jadis pour toutes les religions était une terre de miel et de lait .

A l’heure où j’écris cet article les populations civiles de GAZA  (et demain celles de la Cisjordanie )vivent un enfer de « feu et de sang » :plus de 27 000 morts dont 5350 enfants et 3250 femmes ;67 000 blessés peu soignés faute d’autorisation d’accès à l’aide humanitaire par Israël ; deux millions de personnes déplacées selon l’ONU.

Pendant ce temps le ministre israélien Israel KATZ projette au Conseil de l’Europe une courte vidéo “deux projets, […] le premier concernant la création d’un chemin de fer au Moyen-Orient reliant Israël à la Jordanie, à l’Arabie saoudite, à Bahreïn et aux Émirats, et le second concernant la construction d’une île artificielle au large des côtes de Gaza”. “Une telle île pourrait abriter un port maritime, un aéroport, une usine de dessalement et une zone industrielle”, expliquait la vidéo, indique The Jérusalem Post.

Le « courageux « chef de la diplomatie européenne Joseph BORREL déclare « “Je pense que le ministre aurait pu mieux utiliser son temps pour s’inquiéter de la sécurité de son pays et du nombre élevé de morts au Moyen-Orient et à Gaza »

Les craintes d’un tel plan ont été exacerbées par la révélation, par la presse en octobre dernier d’un document du ministère du Renseignement israélien évoquant un transfert de la population de Gaza vers le Sinaï, en Égypte, ainsi que par des déclarations officielles, y compris du Premier ministre Benyamin NETANYAHOU sur une “immigration volontaire” depuis Gaza, un “euphémisme « pour désigner un nettoyage ethnique.

Voilà le vrai visage de l’extrême droite israélienne, qui désormais se moque du concert des Nations, impuissantes à imposer les règles du droit international : l’histoire bégaye …les Palestiniens sont devenus les juifs du gouvernement israélien (pour reprendre la formule on est toujours le juif de quelqu’un) le sionisme de Théodore HERZL idéologie politique nationaliste reprend le dessus à l’instar d’autres politiques nationalistes européennes…

La vengeance n’a jamais apaisé la douleur …soyez convaincus que l’organisation du génocide palestinien était en marche bien avant le 7 octobre ;il ne manquait que le prétexte :les exactions terroristes et barbares du Hamas .

28 janvier 2024

COLERE PAYSANNE LES PETITS NE DOIVENT PAS FAIRE LA COURTE ECHELLE AUX GROS

mercosur

Un article de Julien Guérin 
J'ai la prétention de connaitre un peu le monde agricole dont je suis issu. Mes parents ont exploité de 1986 à 2009 une ferme au sud du Massif central, aux confins de la Haute-Loire et de la Lozère, avec des vaches laitières, quelques hectares de lentilles vertes du Puy, un peu de blé et d'orge sur les "moins bonnes terres" de l'économie politique avec des rendements modestes. Ils prenaient la suite de mes grands parents qui avaient eux mêmes succédé à leurs propres parents. Je fus donc le premier à rompre le fil des siècles, à prendre le large, loin de la terre volcanique des origines.

Je connais les difficultés quotidiennes de ces petits producteurs, les levées aux aurores, l'angoisse des factures, les années sans vacance rythmées par les travaux et les saisons, la peur permanente de l'aléa météorologique, l'éloignement des services publics et le tracas des interminables documents à remplir pour toucher les fameuses primes européennes, maigre obole charitable octroyée et sans quoi on crèverait. Je sais aussi comment on poussait les paysans à acheter des pesticides chimiques dangereux et à les utiliser sans protection, au péril de leur vie, un peu comme les salariés à qui on a fait manier de l'amiante sans scrupule pendant des années.

Les acronymes GAEC, CUMA, DSV ou SAFER n'ont aucun secret pour moi pas plus que les activités d'enrubannage, de labours ou les quotas laitiers. Je connais, j'en viens.
J'en éprouve ni fierté, ni honte particulière mais cela m'aide (un peu) à comprendre les jacqueries en cours dans le sud-ouest de la France.
Si, dès l'âge de 16 ans,  j'ai pris le large en optant pour un bac littéraire et des études d'histoire  si éloignés du monde qui fut le mien dans ma première vie, je l'ai fait aussi avec la bienveillance familiale. Combien de fois ai-je entendu dans mon village d'enfance:  " fais autre chose que nous", " c'est vraiment le dernier des métiers". 
Ces petits paysans besogneux, sacrifiés sur l'autel du productivisme et de la course au gigantisme encouragés par l'Europe et par les banques qui se sont sucrés sur la bête, avaient compris depuis longtemps qu'ils ne seraient pas conviés à la table des gros. Ils se vivaient déjà comme des battus de l'histoire, les derniers indiens, comme les ouvriers des usines délocalisées et jetés comme des kleenex au nom de la compétitivité et du profit à tout prix. Comme toujours ces petits ont été mangé par les gros, par la logique d'accumulation capitaliste.

Je comprends à ce titre la colère qui s'exprime depuis quelques jours dans le sud-ouest du pays mais quand je constate que la FNSEA prend la tête de la fronde je suis inquiet.
Je connais aussi ce "syndicat" agricole présent jusque dans ma petite campagne natale par le biais de ses antennes départementales et de son organisation de jeunes (les CDJA). Il faut en être, au risque de la mise à l'écart de la communauté villageoise. La direction de la FNSEA porte l'idée, fausse, d'une prétendue unité du monde paysan qui doit, sans clivage entre petits et gros, se rassembler pour défendre un soit disant intérêt commun à tous les agriculteurs. C'est un mythe, une fable destinée à masquer que cette Fédération n'est en réalité que le bras armé des gros producteurs qui utilisent l'image du bon paysan pour mieux défendre leurs intérêts particuliers au niveau national et européen. La tactique est simple mais efficace: pousser devant les petits pour mieux défendre en coulisses les intérêts des gros.
Les petits agriculteurs disparaissent  en silence, la terre se concentre entre quelques mains et les primes continuent d'être versées en priorité aux plus gros producteurs...et cela avec la bénédiction de la direction de la FNSEA...
Les pesticides pourrissent les eaux et les sols, le mal-être s'installe en profondeur provocant des suicides quotidien chez les agriculteurs, les grandes surfaces continuent de faire la loi et les gros céréaliers du bassin parisien encaissent des revenus à 4 voire 5 chiffres....et cela encore avec la bénédiction de la direction FNSEA !
La direction de ce "syndicat" se plaint ainsi des conséquences dont elle chérit pourtant les causes...

Ce qui tue le monde agricole ce n'est pas l'excès de "normes" environnementales c'est la logique libérale et productiviste qui use la terre et les hommes.
Ce qu'il faut c'est une autre ambition pour l'agriculture : rendre à nouveau possible la vie en campagne en défendant les petites écoles publiques et les hôpitaux de proximité, en produisant moins mais mieux, en créant des milliers d'emplois bien formés et bien rémunérés, en faisant émerger une sécurité sociale de l'alimentation assurant un revenu régulier et décent aux producteurs et une nourriture de qualité et saine aux consommateurs.

« Il a fallu des siècles pour rendre justice à l’humanité, pour sentir qu’il était horrible que le grand nombre semât, et le petit recueillît. » VOLTAIRE
28 janvier 2024

ENSEIGNEMENT PRIVE SUBVENTIONNE = FACTEUR DE DISCRIMINATION

ecole publique privee

Un article d'Eddy KHALDI

Le ministère néglige chaque année ses propres données statistiques dont celles de l’édition de 2022 : « les établissements privés sous contrat scolarisent davantage d’élèves appartenant aux catégories sociales très favorisées (41,4% d’enfants contre 21,3 % dans le public) et beaucoup moins d’enfants appartenant aux catégories sociales défavorisées (16,3% contre 39,0% dans le secteur public) ».

La question du dualisme scolaire subventionné, ce n’est pas une querelle d’hier. Elle se déroule, aujourd’hui, sous nos yeux. La structuration concurrentielle public-privé du système éducatif financé par la collectivité publique, développe une compétition marchande entre établissements. Elle amplifie les discriminations entre élèves et accroit les inégalités sociales que le précédent ministre se promettait, prioritairement, de résoudre. Ségrégation largement connue et confirmée par une récente obligation de publication, par la justice, des « Indices de position sociale » -IPS- pour chaque établissement public et privé, quantifiés en catimini depuis 2016.

L’habit de la religion dissimule mal l’école ségréguée comme l’attestait déjà un rapport sénatorial de juin 2012 : « … Il paraît fort probable que le profil social des établissements privés continuera à s’éloigner de celui des établissements publics par surreprésentation des catégories supérieures… » Pourtant, un protocole d’accord relatif à la mixité sociale et scolaire est signé le 17 mai 2023 entre l’État, représenté par le ministre de l’Éducation nationale et « l’enseignement catholique », structure ecclésiale dépourvue de légitimité au regard de la loi. Faut-il rappeler que les établissements privés sont des entités juridiques indépendantes ? L’Église catholique est la principale bénéficiaire d’un tel privilège juridique contraire aux principes fondamentaux de la République lui permettant de conforter sa visibilité sociale avec un monopole de représentation des établissements privés de toutes natures. Reconnaissance politique qui contrevient aussi à la loi de séparation des Églises et de l’État de 1905. Triste sort que celui de la laïcité dans notre pays, évoquée sur un mode incantatoire, et ne cesse d’être bafouée.

Le concept de « parité », revendication politique clérico-libérale incarne une impasse juridique constitutionnelle : « l’enseignement privé au sein de notre République repose sur le principe fondamental de liberté de choix de l’enseignement. Il en découle une indépendance des établissements privés qui serait remise en cause par l’ingérence de l’État dans leur fonctionnement. » Protocole léonin qui concède des droits au nom de la « parité » sans obligation afférente au nom de « sa liberté ».

Paradoxe de notre laïcité constitutionnelle, la France finance, aujourd’hui, systématiquement la concurrence de son propre service public d’éducation au profit presque exclusif du réseau de l’enseignement catholique. Elle se trouve ainsi en contradiction avec le Conseil de l’Europe qui préconise : « à École publique fonds publics et école privée fonds privés ». L’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe a, en effet, adopté à la quasi-unanimité une résolution sur « le droit à la liberté de choix dans le domaine éducatif en Europe ». Cette disposition demande aux États de reconnaître clairement par la loi : « le droit d’ouvrir et de gérer des établissements d’enseignement privés… », en signalant que leurs financements doivent intervenir « si l’offre d’enseignement dans les établissements publics n’est pas suffisante ». Cette offre d’enseignement public est constitutionalisée par l’obligation de l’organiser.

Ne s’agit-il pas ici de trahir la loi de Séparation de 1905 ? Que deviennent nos principes constitutionnels ? « La République joue contre son camp », comme nous l’annonçons dans le communiqué de notre recours contre ce protocole arbitraire, nouveau concordat scolaire, pour outrepasser la loi Debré, après les accords » Lang-Cloupet de 1992. Ce dispositif institutionnel dénature le service public et ses principes oubliés dont celui d’égalité en éducation, entre les citoyens et non les communautés, voulu par les bâtisseurs de l’École publique.

Publicité
Publicité
1 2 > >>
Défis Républicains
  • Une publication des Rencontres de Lurais. Echanges libres entre républicains de gauche. Les articles reflètent la libre opinion de leurs auteurs. Les commentaires sont ouverts dans le respect de chacun.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Derniers commentaires
Défis Républicains
Publicité